Menottes et matraque en plastique, Maglite à la ceinture. Je réajustais mon uniforme bleu en me regardant dans le miroir. Une légère couche de rouge à lèvre pour terminer et j’étais prête. Prête pour la soirée de l’année. En recevant l’invitation d’Eva Godfrey j’avais d’abord pensé à refuser, mais qui mieux qu’elle pourrait en savoir plus sur lui ? Avec l’argent qu’elle avait et les dons qu’elle faisait pour la ville, elle devait la connaître ainsi que les habitants qu’elle chérissait tant. Il ne me faudra que quelques minutes avec elle pour lui poser les questions qui me brûlaient les lèvres.

En arrivant à la soirée, j’étais pleine d’espoir. Peut-être pourrait-elle m’aider là où la police avait tant de mal à trouver ne serait-ce que le moindre indice. Mais impossible de l’approcher. Après quelques heures de présence j’avais abandonné l’idée de lui glisser un mot ce soir mais une idée me vint en tête … Pourquoi ne pas aller voir moi-même ? Mon regard cherchait alors une pièce où une vieille femme pouvait entreposer ses souvenirs, c’est alors que mes yeux se dirigèrent vers le plafond Le grenier ! Sans même y penser, mes pas me menèrent au grenier.

La porte était ouverte, je pris ce fait pour un signe du destin, ce fut sans doute ma première erreur. En entrant je fus accueillie par une véritable Addams, même son attitude était de circonstance. Mais il était hors de question pour moi de partir, j’avais besoin de réponse.  « Trouvez-vous un autre grenier, celui-ci est occupé. » Aboya-t-elle à mon encontre. Sans même que je puisse prononcer un mot, la porte se referma derrière moi et Mercredi aboya de nouveau. « Oh. Pas la peine de refermer la porte, j– » Elle fut coupée par une apparition plus que lugubre, je me demandais alors si j’avais préféré qu’elle continue à hurler. Un clown … je déteste ça … pensais-je en espérant qu’il ne s’approche pas de moi. J’avais retenu un cri lors de son apparition, il me serait impossible de rester muette s’il se dirigeait vers moi. Par chance, si on peut dire, il disparut après un rire macabre me glaçant d’effroi.

Je ne parvenais pas à reprendre le dessus, mais le fait de me faire bousculer me sorti de ma torpeur. Cette fois s’en était trop, elle allait me faire sortir de mes gonds. « Si je dérange n’hésitez surtout pas à me bousculer ! » Lui lançais-je tout en me dirigeant prudemment vers le coin où le clown avait disparu. Je prenais la Maglite que j’avais à la taille, par chance celle-ci n’était pas factice et j’éclairais le fameux coin tout en évitant les pots cassés et leur contenu plus que douteux. « Il doit y avoir une trappe, c’est Halloween, un truc pour nous effrayer, rien de plus. » Je me parlais à moi-même, tentant de me rassurer. L’explication était forcément rationnelle, le surnaturel  ce n’est que de la fiction, rien de plus.