Comme le bruit, qui ne fait qu'assourdir. Un verre à la main, la coupe qu'elle fait tournoyer grâce à son poignet qui effectue des mouvements circulaires. Les soupirs sont répétés, las et dénués de compassion. Ses iris se plantent sur les silhouettes qu'elle semble reconnaître, comme l'impression de savoir à qui elle a à faire sans réellement en connaître les moindres détails. Foutue mémoire qui divague, foutue souvenirs qui ne reviennent pas tous, ou qui ne se montrent que doucement, un à un. Elle ne sait pas ce qu'elle fait, ici, dans cette place bondée de monde, dans cette foule qui l'engouffre et qui l'empêche d'y voir clair. La mâchoire est serrée, le point attrape le morceau de tissu fait de jeans, le short qu'elle porte et qui laisse à découvert des gambettes normalement bien trop dissimulées. Elle n'a certainement jamais porté de tenue aussi courte, n'a certainement jamais osé montrer de telles parcelles de son corps quand bien même ce dernier n'était pas désagréable à contempler pour les yeux les plus aventuriers. Son costume était d'une banalité monstre, le teint qu'elle s'était recouvert de traînées blanches pour éclaircir cette peau beige et laiteuse, le rouge à lèvres qui se reflète dans les pupilles, la crasse noirâtre étalée sur ses pommettes alors qu'une perruque blonde aux couettes bleue et rose laisse les mèches pendre sur ses épaules, petite réplique d'une Harley Quinn. L'impression d'étouffer, le verre qu'elle garde en main alors que ses pas s'approchent du vide, que son esprit quitte la masse d'individus et la cacophonie qui ne fait que la rendre plus perturbée et abasourdie par une situation complètement commune. Elle n'a pas l'habitude des grosses soirées, Jezebel, et ça se voit et se ressent. Alors elle laisse ses muscles se tendre, se détendre, effectuer des mouvements dont elle n'a pas réellement conscience. A cause de l'alcool ? Elle ne sait pas. Elle se laisse porter hors de la foule monstrueuse, se laisse tomber sur la douceur d'un matelas, agréable sensation qui l'apaise et laisse échapper l'angoisse ressentie auparavant. Les yeux se ferment, se sont alourdis, elle lâche un dernier soupir et étire un mince sourire, l'ombre d'une satisfaction qu'elle ne cache pas sur ce faciès esquinté.
« Qu'est-ce qu-... » Le zéphyr caresse la peau découverte, le frisson qui parcourt une échine redressée. Les sourcils sont froncés, les bras croisés, les mains opposées joignant les bras comme pour se couvrir d'un froid qu'elle ne comprend pas. Que fait-elle, ici ? Elle observe les lieux, ne reconnaît pas les alentours. C'est flou, comme le brouillard qui vient obscurcir l'horizon. Elle ne comprend pas. Se souvient de s'être assoupie dans une chambre autre que la sienne. Se retrouve désormais à vagabonder lentement dans une allée parsemée d'arbres de part et d'autres, de feuilles mortes qui glissent sur les pavés. Elle a cette impression de tout entendre, les bruits les plus discrets, amplifiés. Branches qui craquent, murmures et soupirs, peut-être n'est-ce que l'œuvre de son imagination. La mâchoire se resserre, elle déglutit. « Qui est là ? » qu'elle demande, l'innocence dans la voix, l'incompréhension y étant mêlant. Peut-être doit-elle rajoutée somnambulisme dans la liste de tracas et problèmes dont elle fait l'objet ?